Écrans Mixtes, c'est une aura internationale. Ce sont quatorze éditions qui ont progressivement permis de mettre un coup de projecteur sur des œuvres boudées par le circuit mainstream, mais aussi de célébrer un art majeur. Pour sa 15e édition, qui de mieux que Christine Vachon, qui a œuvré durant sa carrière avec le même but que les festivaliers, pour être l'invitée d'honneur et la présidente du jury composé de Karim Dridi, Abdellah Taïa, Gio Ventura et Iris Brey ?
Son nom est rarement sur l'affiche, mais systématiquement au générique de fin. Productrice emblématique du New Queer Cinema, connue pour des films cultes tels que Carol, Boys Don’t Cry et Velvet Goldmine, elle animera une masterclass au théâtre des Célestins, et une rétrospective de six de ses films sera présentée.
Visionnaire, elle avait cofondé Killer Films en 1995, devenant une plateforme essentielle pour les cinéastes queer et indépendants. Le contexte sociopolitique de l'époque, marqué par l'épidémie de VIH, a influencé nombre des œuvres qu'elle a produites. Des films comme Swoon ou The Living End abordent directement les impacts de cette crise sur la communauté queer tout en dénonçant la domination hétérocentrée.
Aujourd'hui encore, Christine Vachon continue d'avoir un impact majeur sur le cinéma indépendant et queer. Avec plus d'une centaine de films à son actif, elle a non seulement permis à des voix marginalisées d'être entendues, mais a aussi redéfini le paysage cinématographique américain en mettant "la marge au centre". Son travail reste une source d'inspiration pour les générations futures de cinéastes, qui ne manqueront pas de lui faire savoir durant le festival !
Au-delà du cinéma
Écrans Mixtes proposera une exploration approfondie des thématiques LGBTQIA+ à travers différents formats, comme la compétition de huit longs-métrages internationaux : Baby (Marcelo Caetano), Cidade;Campo (Juliana Rojas), Fuga (Bénédicte Liénard et Mary Jimenez), I am no everything I want to be (Klara Tasovska), Slow (Marija Kavtaradze), The Wailing (Pedro Martin-Calero) Pooja, Sir (Deepak Rauniyar) et The Life of Sean Delear (Markus Zizenbacher) en avant-première nationale.
Ne manquez pas la rétrospective croisée de Pier Paolo Pasolini et Sergueï Paradjanov, deux metteurs en scène majeurs du XXe siècle, avec des chefs d'œuvre proposés notamment dans les années 1960. Et réservez vite votre place pour la projection immersive de The Rocky Horror Picture Show, le 8 mars, à la Maison de la Danse pour célébrer les 50 ans de ce classique culte qui ne peut que se vivre dans une salle obscure.
Le festival ne se limite pas au cinéma : il intègre également d’autres formes d’expression artistique liées aux cultures queer, comme le voguing, les drag shows ou encore des expositions visuelles. D'autres moments forts sont donc à prévoir dans les 30 lieux partenaires répartis dans Lyon et sa métropole : une soirée Ballroom au Lavoir Public (9 mars) ou un ciné-concert avec Le Gang des Cracheuses au cinéma Le Zola de Villeurbanne. Il y a forcément un événement qui vous plaira parmi les 95 projections, les conférences, expos et soirées festives.
Dans une année où Emilia Perez entend poursuivre sa moisson de récompenses aux Oscars, quel plus bel emblème que l’expansion d’Écrans Mixtes, plateforme essentielle pour les cinématographies LGBTQIA+ et féministes ? Le festival lyonnais offre un espace d’expression unique pour les artistes du monde entier tout en sensibilisant un large public aux enjeux sociétaux liés aux identités plurielles.