Lyon Poche : Croix Rousse était dépourvue de lieu dédié à l’humour avant que vous n’aménagiez ce caveau.
Ugo Strebel : Il n’y avait rien dans ma Croix-Rousse ! j’ai fait le pari de créer un comedy club en 2021. Cet endroit avait beaucoup trop de potentiel pour ne pas être exploité. Mon plus gros challenge c’était de perdurer. Depuis, on cartonne, le public (80 places) est bouillant chaque jeudi. C’est facile d’ouvrir un plateau mais c’est plus dur de fidéliser.
Vous venez du théâtre, on ressent d’ailleurs dans la programmation une éloge du temps long…
La problématique du comedy club, c’est qu’on échantillonne trop notre métier, et on discrédite petit à petit la valeur d’un spectacle long. Mais c’est inhérent à notre société moderne, à notre façon de consommer tout, très vite. J’aime les plateaux rugueux où les artistes s’enchainent, où le public vient se confronter. Mais c’est important de dédier des temps au format long, que j’aime plus encore. Donc on a des spectacles d’une heure, au moins deux fois par mois. Évidemment, j’accorde beaucoup d’attention à la scène locale qui foisonne.
Des noms prometteurs cette année ?
Chloé Drouet, Alexandre Buttet, Lucas Hueso… des gens qui vont percer, c’est sur !
Vous êtes aussi humoriste, mais ne jouez que très peu dans vos soirées. Pourquoi ?
Je suis le MC, pensé comme une sorte de Monsieur Loyal, chef d’orchestre de mon cirque. Mon rôle n’est pas de me mettre en avant mais de défendre les artistes que je programme, il y a un temps pour tout. J’ai fait beaucoup de théâtre, j’ai même joué nu, et c’est plus simple que de monter sur scène avec l’intention de faire rire. Car l’humoriste n’a qu’un seul objectif, et s’il ne fait pas rire, il rompt le contrat avec le public.
Que peut-on vous souhaiter pour cette saison ?
Je souhaite que ce lieu grandisse et devienne un vrai café théâtre équipé et identifié. Mais quand je vois les sourires de 80 personnes le temps à chaque date, c’est déjà une immense satisfaction.
Propos recueillis par Louise Grossen