Godard, version graphique, en homme du livre. Voilà une exposition qu’il nous tarde de découvrir tant ce maître du cinéma a fait de l’audace formelle sa marque de fabrique, perpétuellement en phase avec son temps, adaptant trouvailles graphiques, références pop et histoire littéraire pour dynamiter son art.
Livres - avec des graphismes iconiques, telles les couvertures de la Série Noire -, inserts de cartons entre les plans, génériques à faire pâlir d’envie Saul Bass, slogans politiques typographiés, affiches colorées et journaux du moment sont des éléments récurrents de l’œuvre du réalisateur de Pierrot le Fou.
Et Paule Palacios-Dalens, la commissaire de l’exposition, connaît sur le bout des doigts ce pan de l’ancien résident de Rolle, en Suisse, où il vécut jusqu’à sa mort le 13 septembre 2022 : elle est l’autrice d’une thèse intitulée “La question graphique chez Jean-Luc Godard : typographie, montage et mise en page, avec Maximilien Vox, Marguerite Duras et Jean-Christophe Averty”, dans laquelle elle défend l’idée que Godard est le prolongateur et un “héritier de la page imprimée”. Thèse ici déclinée en exposition.
Où l’on découvre que Maximilien Vox, grande figure de la typographie française et cofondateur des Rencontres de Lure, là où “gravitent les courants majeurs des arts graphiques de France et d’ailleurs”, dixit la présentation de l’exposition, est le grand-oncle de Jean-Luc. “Conçue autour du travail graphique de Godard, cette exposition raconte avant tout une histoire de famille, d’influences et de filiations”, au cours de laquelle on découvrira parmi d’autres artefacts et extraits d’œuvres, les maquettes originales de son vaste opus Histoire(s) du cinéma. Prometteur.
Sébastien Broquet
Jean-Luc Godard, le typographe à la caméra
Du 31 janvier au 4 mai.
Musée de l’Imprimerie, Lyon 2.
De 0 à 8 €