Lyon : musée des Confluences, genèse d'un musée fêtant ses 10 ans

Lyon : musée des Confluences, genèse d'un musée fêtant ses 10 ans
L'œuvre imposante des architectes autrichiens de Coop Himmelb(l)au © Quentin Lafont - 2015 - musée des Confluences

Le musée des Confluences fête ses 10 ans. Retour sur sa genèse et son architecture.

C’était un boulodrome. Rasé en mai 2005 pour faire place nette au tout nouveau musée des Confluences, qui fête cette année ses 10 ans de succès. Car c’est bien d’une success story dont on parle, le public s’étant approprié immédiatement les lieux et ne cessant d’y revenir. 

Oubliée, la petite polémique très habituelle sur l’architecture des lieux, trop moderniste. Enterrée, celle sur le dépassement des coûts — réelle et pas du tout négligeable, presque quatre fois le montant initialement prévu, soit 300 M € environ au lieu de 61 M €. 

On sait maintenant que le geste architectural voulu pour cette institution s’intègre parfaitement dans son environnement, que les collections et expositions présentées, elles aussi aux confluents — des arts, des disciplines, des médias —, ont achevé de convaincre les plus réticents.  

Raymond Barre, alors maire de la ville, et Michel Mercier, président du conseil général du Rhône, voulaient un nouveau musée d’envergure — s’inspirant en partie du musée Guggenheim de Bilbao, une œuvre phare de l’architecte Frank Gehry qui a changé le regard sur la ville basque. 

C’est en 1999 que le conseil général du Rhône confie à Michel Côté — qui au Canada dont il est originaire est présenté comme un “créateur de musées” — la responsabilité de configurer ce projet qui doit prendre la suite du Muséum de Lyon. Il quitte son poste au musée de la Civilisation au Québec, s’y consacre 11 années durant, avant de voir Hélène Lafont-Couturier, l’actuelle directrice, lui succéder. 

Les collections du musée Guimet (en juillet 2007, à la fermeture au public des lieux) et du musée colonial de Lyon fermé depuis 1968 doivent rejoindre ce tout nouveau musée des sciences et des sociétés comme il est alors présenté. La collection d’objets de l’Œuvre de la propagation de la foi dirigée par Pauline Janicot est aussi versée au futur musée des Confluences, qui agrège ainsi plusieurs sources disparates pour nourrir son fonds, ne cessant de s’enrichir, par exemple avec le don de la collection de coiffes d’Antoine de Galbert. 

En 2001, est lancé le concours international pour choisir les architectes du projet : ce sont les Autrichiens de Coop Himmelb(l)au qui l’emportent avec leur édifice en trois parties, nommées “nuage”, “socle” et ce fameux “cristal”, le tout trônant sur une gigantesque dalle en béton consolidée par 536 piles de soutènement. 190 mètres de long, 90 de large, 41 mètres de haut et une découpe splendide, tel un origami se lovant dans l’horizon lorsque l’on se tourne vers le Sud, laissant le Rhône s’écouler dans le dos du musée.

Fondée en 1968 par Michael Holzer (rapidement parti), Wolf D. Prix et Helmut Swiczinsky, cette agence basée à Vienne incarne le mouvement déconstructiviste et avait déjà créé l’Akron Art Museum dans l’Ohio en 2007 et réalisera le Great Egyptian Museum au Caire quelques années plus tard. 

En octobre 2006 débute la construction. Retards et coûts supplémentaires commencent à s’additionner, des désaccords se faisant jour entre l’entreprise choisie pour les travaux et les autres protagonistes. Tout s’accélère en 2009 après deux nouveaux appels d'offres et l’arrivée de Vinci. 

Les Lyonnais et les Lyonnaises découvrent enfin leur nouveau musée le 14 décembre 2014 à 10h. Une autre histoire débute alors, loin d’être terminée à ce jour. 

Sébastien Broquet

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