Il y a un paradoxe Zemeckis.
Figurant parmi les cinéastes les plus adulés pour ses pop-corn movies - le diptyque du Diamant, la trilogie Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? ou Forrest Gump sont autant d’efficaces spectacles que de troublantes réflexions sur le rapport à la création, au temps, à la famille et à l’Amérique - le Grand Bob voit ses plus récentes réalisations snobées par les studios… pour ne pas dire quasi sabotées.
En témoigne la sortie en catimini de son dernier long en date, Here, film-concept scellant les retrouvailles à l’écran entre Tom Hanks et Robin Wright Penn se doublant d’innovations technologiques dont ce précurseur dans l’âme a toujours été friand.
Curieuse s’avère en effet la trajectoire de ce proche de Spielberg, lequel eût pu voir en lui son plus sérieux rival mais n’en fit jamais son concurrent. Comme Steven, Bob a voyagé avec la même aisance de la comédie noire (La Mort vous va si bien) au thriller (Apparences) en passant par la fable philosophique (Seul au monde).
Robert aime les FX
Zemeckis a par ailleurs essuyé les plâtres d’une quantité hallucinante de procédés FX depuis l’aube des années 1980. Certes, quelques trucages numériques balbutiants peuvent avoir mal vieilli (Le Pôle Express, 2004, et Le Drôle de Noël de Scrooge, 2009, doivent se considérer aujourd’hui à l’aune des moyens du passé) ; d’autres continuent à défier la compréhension : le plan-séquence "au miroir" de Contact demeure un modèle du genre.
Luxueux écrin pour sa recherche fondamentale permanente, l’oeuvre de Zemeckis n’a jamais cessé de s’adresser au grand public, le cinéaste tirant les leçons formelles d’un Hitchcock et narratives d’un Capra. Pas étonnant donc qu’il ait trouvé en Tom Hanks son acteur fétiche, avec cinq collaborations.
Il faut profiter du talent de ce conteur-né et de cette rétrospective programmant son rare premier long, Crazy Day (1978) les 14 et 17 janvier, où il était (déjà) question de rock, de teenagers et de nostalgie.
Vincent Raymond
Rétrospective Robert Zemeckis
Quand ? Jusqu’au 26 janvier
Où ? Institut Lumière ; rue du Premier Film ; Lyon 8e
Combien ? De 0 à 8,5 € ; réserver sa place