“L’histoire du Saint François d’Assise de Zurbarán est consubstantielle de celle du Musée des Beaux-arts de Lyon” insiste Ludmila Virassamynaïken, la commissaire, au cours d’une visite qu’elle nous accorde de la nouvelle exposition prenant place dans les murs du musée qui, divulgâchons-le d’emblée, est l’une des plus fascinantes et intelligentes vues ces dernières années par ici.
Parce qu’elle met en scène un chef d’œuvre, bien sûr, qui fût peint en 1636 et se révèle le pivot de toute cette exposition. Mais n’oublions pas que nous pouvions le voir, ce Saint François d’Assise, puisqu’il est l’une des premières pièces acquise par le musée quatre ans après son ouverture — en 1807, auprès du peintre Jean-Jacques de Boissieu — alors que Francisco de Zurbaràn (1590-1664) était bien loin d’avoir la notoriété qui est la sienne aujourd’hui. Et c’est là où l’intelligence du parcours comme de la structure de l’exposition fait la différence.
Ce n’est évidemment pas une rétrospective autour de l’œuvre du peintre espagnol du Siècle d’Or et ami de Diego Velàzquez. Ce n’est pas non plus un assemblage disparate d’œuvres récentes pour maquiller un vide et encadrer l’œuvre centrale comme on le voit parfois. Il s’agit d’un storytelling savamment conté qui nous emmène de la prémonition à la révélation d’un chef d’œuvre dans l’imaginaire collectif et dans celui des autres artistes au fil des siècles, le reconnaissant comme tel, s’en inspirant, le clonant de milles manières, de Jean-François Dubouchet qui le reproduit à l’eau forte en 1855 à Éric Poitevin en 2021, en passant par les stylistes Cristóbal Balenciaga et Azzedine Alaïa.
La restauration — financée par l’association des amis du musée — faite pour cette exposition a permis de redécouvrir un pied. On a redécouvert aussi une niche. L’œuvre en est encore magnifiée et resplendit aux côtés de ses jumelles venues du Museu Nacional d’Art de Catalunya de Barcelone (qui a également bénéficiée d’une restauration) et celle du Museum of Fine Arts de Boston.
C’est la première fois que ces trois peintures de Saint François d’Assise, mort mais d’apparence vivante, tel qu’il a été découvert par le pape Nicolas V en 1449 dit la légende, sont réunies dans une même pièce. Attention au syndrôme de Stendhal !
Sébastien Broquet
Zurbaràn, réinventer un chef d’œuvre
Quand ? Jusqu’au dimanche 2 mars 2025
Où ? Musée des Beaux-arts ; 20 place des Terreaux ; Lyon 1er
Combien ? De 0 à 12 € ; réserver votre billet