Elle a propulsé le R&B dans une dimension encore inexplorée en France : Bonnie Banane, en une poignée de titres parus depuis un premier son en 2012 — Muscles — et deux albums, dont l’épatant Nini sorti cette année, a su tracer un chemin tout neuf où beats électroniques exigeants (l’incroyable Hoes of Na virant drum&bass et free jazz) et gimmicks R’n’B s’affrontent pour tisser un tapis de velours à la voix peu commune, intense et soul, d’Anaïs Thomas, elle-même virtuose de l’écriture se jouant des codes habituels pour élaborer des lyrics conscients — l’écologie — sans pour autant négliger l’essentiel, l’amour, Nini étant aussi un disque de rupture.
Ce disque est une balise pour l’époque, conçu avec le multi-instrumentiste Monomite et le trompettiste Janoya, où affleure encore le surréalisme rebelle de Brigitte Fontaine, autre franc-tireuse aimant exploser les cases, qui nimbait de son aura l’opus précédent.
Pour mieux comprendre son univers, il faut aussi lorgner ses featuring : Flavien Berger, Chassol (Feu au lac), Chilly Gonzales et Myth Syzer (Le Code) sont eux aussi des anachroniques. Au final, c’est du côté du R&B anglais qu’il faut peut-être chercher : une Ms Dynamite à la parisienne, une M.I.A. à l’accent frenchy et funky qui se seraient prises de passion pour la chanson libertaire.
Bref, il faut convoquer beaucoup trop de références pour essayer de délimiter par les mots l’univers de Bonnie Banane, qui sait si bien en jouer. Et s’en échapper. Libre, toujours !
Sébastien Broquet
Bonnie Banane + Liv Oddman
Quand ? Samedi 14 décembre à 20h30
Où ? L’Épicerie Moderne ;
Combien ? De 20 à 24 € ; réserver sa place