Lyon : l'iconique Zaho de Sagazan passe par la Halle Tony Garnier

Lyon : l'iconique Zaho de Sagazan passe par la Halle Tony Garnier
Un succès à la vitesse de l'éclair © Zoé Forget

L’ouragan Zaho de Sagazan fait halte à la Halle Tony Garnier en ce mois de décembre :  c’est évidemment complet. Retour sur la folle année de cette artiste déjà icône de la chanson.

C’est un ouragan qui a déferlé toute l’année sur la France : forte d’un album épatant, annonçant la couleur dès son titre — La Symphonie des éclairs — et de concerts époustouflants, Zaho de Sagazan a vu sa notoriété décoller telle une fusée Ariane, dès lors qu’elle a repris le Modern Love de David Bowie en direct lors de la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes, en socquettes et toute en complicité avec Greta Gerwig, la présidente du jury. 

Une scène digne des meilleurs comédies musicales hollywoodiennes, devenue virale, qui s’est vu doubler durant l’été d’une prestation tout aussi enchanteresse lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris, en plein boom de bonheur national, où son visage empli d’une fraîcheur contagieuse que l’on avait oubliée en cette époque un peu trouble, son aplomb dépourvu de fausse naïveté, sa manière si saine d’appréhender le succès en ont immédiatement fait une icône — et pas seulement pour sa génération — la propulsant à la “une” de toutes sortes de magazines, dont la référence Harper’s Bazaar.  

Zaho de Sagazan, jeune femme venue de Saint-Nazaire où elle est née en 1999, est devenue en quelques mois l’incarnation de la France d’aujourd’hui, de ce qu’un artiste doit être en 2024 — talentueuse au-delà du raisonnable bien sûr, mais aussi bosseuse invétérée, décomplexée tout autant que lucide sur les réseaux sociaux, portant un discours sur l’art comme sur la société et très au fait de son rôle : “Si j’ai des responsabiltés ? Oui, c’est sûr. Là, je viens d’arriver. Mais quand j’en serais à mon troisième album, des gens m’écouteront depuis dix ans. Et si je dis quelque chose, ils vont le prendre plus profondément, je le sais. C’est important de se rendre compte du pouvoir que l’on a. La musique a un pouvoir : elle rentre dans l’âme. Nous, on touche à ce pouvoir-là, il ne faut pas en faire n’importe quoi” nous dit-elle au téléphone, au lendemain du coup d’envoi de sa tournée des Zénith qui va l’amener à la Halle Tony Garnier.

On a de la chance d'inspirer les gens. On me donne la parole, je suis sur une scène de Zénith devant des milliers de personnes qui m’écoutent. Prendre ça à la légère ? Se dire, je vais juste me marrer avec mes potes ? Non ! C’est important. Tu as une place pour faire du bien aux gens, il faut s’en rendre compte” renchérit-elle. 

Zaho de Sagazan ne vient pas de nulle part, son patronyme est connu de celles et ceux qui s’intéressent à l’art contemporain, à la performance. Elle est la fille d’une institutrice, Gaëlle, et d’un artiste, sculpteur et performeur : Olivier de Sagazan, vu aux dernières Invites de Villeurbanne. Lequel déclarait dans un entretien à France Inter : “Est-ce que l’art se transmet ? Ce qui se transmet, c’est l’autorisation.” Une des cinq sœurs de Zaho, la chorégraphe en pleine ascension Leïla Ka, sera aussi de passage à Lyon en janvier 2025 : elle présentera sa pièce Maldonne à la Maison de la Danse ; et a chorégraphié le clip d’Aspiration de sa petite sœur. L’art, une histoire de famille.

Que la récente Chevalière de l’ordre des Arts et des Lettres sait mettre en chanson, racontant l’époque avec finesse, au détour d’anecdotes glanées en conversant avec les gens, son grand amour pluriel : “L’observation, c’est ce qu’il y a de plus important pour un auteur. Et la compassion : la capacité de se mettre à la place de quelqu’un. J’ai la chance d’avoir beaucoup d’amis, de relations, je me nourris de ça principalement. Ou alors de mon intimité, de mes doutes à moi” raconte-t-elle pour dévoiler l’origine de ses textes si bien ciselés, si universels malgré leurs sources souvent intimes. 

“Je rêve, c’est sur le deuil et ça vient d’une rencontre avec l’amie d’une amie, au cours d’une soirée ; je me suis rendu compte trois heures après que cette fille avait perdu son mari un mois plus tôt dans un accident de voiture. J’imaginais la douleur que l’on peut ressentir, comment on se reconstruit, je me disais que ça passait par le rêve... J’avais envie que les gens ayant vécu ça puissent se sentir accompagnés. La Symphonie des éclairs, c’est complètement autobiographique, c’est personnel. Ça dépend tellement des chansons ! Chaque fois que j’en écris une, je pense à celui qui va l’écouter. Je suis passionnée par l’humain, je regarde les gens, je leur pose des questions. Parfois, des idées de chansons en surgissent !” nous dit-elle d’une voix rendue plus rauque par le manque passager de sommeil. 

Concluant la conversation d’un grand éclat de rire, elle nous avoue : “Je peux passer des années à créer, c’est parfait car c’est ce que l’on me demande de faire dans ce métier ! C’est génial !” Iconique, on vous dit.

Sébastien Broquet

Quand ? Mercredi 11 décembre à 20h
Où ? Halle Tony Garnier ; 20 place docteurs Charles et Christophe Mérieux ; Lyon 7e
Combien ? De 39 à 49 € ; complet


Brigitte Fontaine, role model

Une des chansons que je trouve les plus belles et que je chante tous les soirs — je finis toujours par elle avant de partir —, c’est Ah ! Que la ville est belle de Brigitte Fontaine. Une chanson qui nous dit à quel point la vie est belle, mais avec une certaine mélancolie” explique Zaho de Sagazan, marquée par la chanteuse frondeuse et surréaliste. Bretonne également (elle vient de Morlaix), qualifiée de “folle” dès ses débuts discographiques — ce qui l’avait rendu furieuse —, maîtresse d’une chanson française confrontées aux formes les plus ardues que sont le free jazz et le noise rock, Brigitte Fontaine, 85 ans, vient de sortir Pick-up, brillant 20e album : elle est un modèle inspirant pour la jeune scène française et reprise par Zaho comme par Bonnie Banane.

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