Le sujet devenait brûlant et a nécessité l’intervention des élus de la Métropole, dont le président Bruno Bernard et le vice-président à la Culture et maire de Villeurbanne, doublement concerné, Cédric Van Styvendael. Suite à la volonté des propriétaires du bail emphytéotique (le lieu appartient à l’État) du Double Mixte d’arrêter de programmer soirées et festivals en ses murs afin de se concentrer sur les salons, moins bruyants, diurnes et plus simples à gérer, le festival Reperkusound se retrouvait à la rue l’année où il devait fêter ses vingt ans.
Cédric Van Styvendael nous déclarait, lors d’un entretien avec Lyon Poche en septembre dernier, qu’il était optimiste et que les discussions avaient repris dans le bon sens. Ces négociations ont abouti, mais seulement en partie : si le Reperkusound pourra bien poser ses enceintes au Double Mixte en 2025, ce sera uniquement dans la partie basse, la salle du haut lui restant fermée. Ce qui pose des questions sur l’impact économique pour le festival.
La troisième soirée devrait être maintenue le dimanche soir, mais se déroulera dans un autre lieu, qui reste à définir selon les artistes programmés. Et en 2026, Reperkusound devra trouver un nouveau point de chute.
Le problème du lieu pouvant accueillir le festival est seulement repoussé d’une année : aujourd’hui, plus aucun espace dans Lyon n’est disponible pour ce type d’événements, Fagor-Brandt étant fermé à la culture et la Halle Tony Garnier ne se prêtant pas aux festivals multi-scènes.
Dans la métropole, ça devient aussi de plus en plus compliqué, Les Grandes Locos n’étant pas destinées pour l’heure à accueillir des événements nocturnes et bruyants. Là encore, Cédric Van Styvendael avait prévenu lors de son entretien avec Lyon Poche : “Je ne pense pas que Les Grandes Locos soient le lieu le plus adapté, tant qu’on n’a pas la halle fermée, pour des questions de nuisances sonores. La maire de La Mulatière est très sensible à cela.” Nuits sonores n'y programme ses artistes qu'en journée, pas en nuit.
Lire notre entretien avec Cédric Van Styvendael
Des solutions sont actuellement recherchées par l’équipe pour 2026, qui impliqueront obligatoirement de s'excentrer encore un peu plus. Ce que font déjà, au parc de Miribel Jonage, Woodstower (autre festival en sursis pour causes de difficultés économiques), l’Évasion Festival et depuis l’an dernier le concept barcelonais Brunch Electronik.
Mais aucun lieu pour l'instant ne correspond à l'ADN de Reperkusound : urbain, pouvant accueillir plusieurs scènes et propulser des décibels jusqu'au petit matin. Le contexte général ne facilite pas les choses non plus pour les équipes du producteur lyonnais, qui se creusent la tête pour réinventer leur festival malgré le manque d'opportunités de lieux pour se réimplanter.
Pour l’instant, aucune décision n’est arrêtée et les équipes de Mediatone continuent d’œuvrer avec le courage qui les caractérise depuis 1997, pour trouver les solutions permettant de pérenniser dans le temps ce festival, si important dans le paysage culturel local, qu’est le Reperkusound.
Sébastien Broquet