Palme d’Or à la demi-surprise générale — comme si le jury cannois avait voulu décerner sa récompense suprême à l’un des films les moins politiques du palmarès —, Anora n’en demeure pas moins rugueux derrière son allure de conte destroy, entre Cendrillon et Pretty Woman. On y suit le parcours de l’héroïne-titre, strip-teaseuse louée puis épousée par le fils inconséquent d’un oligarque russe… jusqu’à ce que les sbires du père tentent d’annuler les noces.
Si Sean Baker filme ici davantage le monde bling-bling que les déclassés de l’Amérique qu’il affectionne d’habitude, il garde néanmoins un œil attentif sur les marges (la communauté russophone de Brighton Beach chère à James Gray) et se lâche dans une séquence digne des frères Coen, où les gros bras (cassés) du père échouent à maîtriser la volcanique mariée.
Du superficiel à la tendresse, du vénal à l’essentiel, Anora tient du grand huit émotionnel et s’achève en plus avec un authentique prince charmant.
Vincent Raymond
Anora, de Sean Baker (E-U, 2h18) ; avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn…
Quand ? Sortie le mercredi 30 octobre 2024