Lyon : La Chapelle de la Trinité, un lieu à l'histoire riche en rebondissements 

Lyon : La Chapelle de la Trinité, un lieu à l'histoire riche en rebondissements 
La Chapelle de la Trinité, un lieu chargé d'Histoire © Picabel

Sous les feux de l’actualité depuis son passage dans le giron de la Métropole et son changement de direction et de cap artistique — désormais placés sous la responsabilité des Concerts de l’Hostel Dieu et Superspectives —, la Chapelle de la Trinité a connu une histoire semée de rebondissements. Récit.  

Avant d’être une salle de concerts dédiée à la musique baroque, la Chapelle de la Trinité, située au 31 rue de la Bourse dans le 2e arrondissement de Lyon, a eu plusieurs vies. Le lycée Ampère, dont elle est attenante, était initialement un collège de jésuites. 

Les jésuites avaient alors eu l’autorisation de revenir s’installer dans le royaume, après la publication en 1603 de l'édit de Rouen. L’année suivante, à Lyon, ce sont les échevins (les magistrats municipaux, avant la Révolution) qui leur confient les bâtiments qui deviendront le collège. Puis le lycée Ampère. 

Dans ce contrat initial est stipulé qu’une église doit être construite, à destination des élèves. Celle-ci commence à prendre forme quatre ans plus tard, quand le frère jésuite Étienne Martellange en dessine les plans, en 1607. Le 9 décembre de la même année, la première pierre est posée par le prévôt des marchands, Du Peron, en compagnie des échevins. Mais il faudra ensuite dix ans avant que le projet ne prenne vraiment corps…  

Lire notre article sur la nouvelle programmation de concerts à la Chapelle de la Trinité 

En 1617, des maîtres-maçons sont engagés. Une seconde “première pierre” est posée le 21 mai, cette fois par le prévôt Charles de Neufville. C’est la bonne : trois ans plus tard, les travaux sont achevés ; le clocher est ajouté en 1620. Il faudra encore deux années pour que l’église soit consacrée — le 29 octobre 2022, par François de Sales. La façade et la sacristie attendront 1939 pour être livrées. Entre-temps, l’intérieur a été décoré et les orgues installés. Fin du premier chapitre. 

Au XVIIIe siècle, la chapelle est rénovée et embellie en deux sessions, la première entre 1699 et 1702 puis entre 1734 et 1738. C’est à ce moment que la tribune chorale est refaite en marbre de Cordon et en marbre noir et que le maître-autel est subsitué, un nouveau étant commandé à Domenico Magnani, marbrier de Carrare. Delamonce peint l’Apothéose de Saint François Régis qui orne le chœur.

En 1763, les jésuites sont boutés hors de la chapelle. Ce sont les oratoriens qui s’y installent, installant leur propre décoration, dont une statue de l'Assomption de la Vierge. Avant que Bonaparte ne s’en empare pour y installer la Consulta législative, en décembre 1801. 

En 1920, l'église est fermée définitivement. La commune de Saint-Chef (Isère) rachète les orgues. Ce bijou de l’architecture baroque est classé Monuments historiques en 1926. Heureusement : quelques années plus tard, Louis Pradel veut la faire démolir, comme le lycée, pour mieux tout reconstruire. Mais tous deux sont protégés par leur statut de Monument historique et le Ministère des affaires culturelles stoppe ces velléités. 

Entre-temps, la Chapelle a eu une courte vie de… gymnase, à destination des élèves. C’était en 1930 et les sols furent recouverts d’un plancher, les chapelles transformées en vestiaires et des agrès de gymnastique posés dans le chœur. Ce gymnase eut une courte vie, le lieu ne s’y prêtant décidément pas, mais une seconde mouture de salle de sport verra le jour après la Seconde guerre mondiale, au 4e étage, dans le comble.

Le lycée a entre-temps rendu les clés à la Ville de Lyon, qui en a fait un espace d’expositions, avant d’en faire un lieu de concerts à partir de 2000, confié aux Grands Concerts, juste après la dernière rénovation de la Chapelle, entre 1995 et 2002, qui permis de retrouver plusieurs décors d'origine et de les remettre en valeur. C’est ici que se produiront dans les mois qui viennent les artistes programmés par Les Concerts de l’Hostel Dieu et Superspectives. Autant d’occasions de visiter ce lieu magnifique.

La Trinité
Où ? 31 rue de la Bourse ; 69002 Lyon

Source : Inventaire général du patrimoine culturel - Région Rhône-Alpes

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