Des classiques post punk et new wave réinterprétés en version bossa nova 1960’s, langoureuse à souhait, voire jamaïquaine ou cubaine : voilà une recette qui semblait ne pas pouvoir durer, concoctée en fin de comète de la fatigante vague lounge de la seconde moitié des 1990’s, par deux acolytes issus de la french touch originelle. Une sorte de plan machiavélique imaginé pour squatter les compilations de Béatrice Ardisson, alors au firmament avec ses sélections de covers improbables.
Nouvelle Vague est encore là, vingt ans après. Toujours pertinent, trouvant à surprendre sur ce nouvel opus baptisé Should I Stay or Should I Go — question pas si innocente —, tout en caressant toujours dans le sens de la frange, dénichant hits synth-pop et hymnes punk à passer à la moulinette du cool brésilien. Déjà plus de 100 sons repris, et ça marche encore. Pourquoi ?
Nouvelle Vague est arrivé en 2003, pile au moment où les scènes musicales occidentales ont arrêté de créer et où l’envie de regarder dans le rétroviseur a surgit. Où le monde s’est replié sur lui-même après l’enthousiasmante décennie 1990’s. Fini le Black, Blanc, Beur, bonjour le monde post Ben Laden / Le Pen au second tour (2001 et 2002).
Communautarisme et cocooning ont alors évolué côte à côte : chacun s’est recentré sur ce qui le rassurait. Nouvelle Vague, avec ses hits des années 1980 et ses douces mélopées, a joué ce rôle de cocon dans lequel on pouvait se lover en solitaire, grâce à l’iPod tout juste né — en octobre 2001.
Marc Collin, cofondateur du groupe et toujours sa tête pensante, cite Simon Reynolds comme influence. Son livre Rip it up and start again (Allia) aurait délimité le répertoire de Nouvelle Vague. Mais c’est un autre ouvrage du même critique qui définit le mieux ce qu’est son groupe : Retromania (Le Mot et le Reste) ; passé les prolifiques et inventives années 1990, la pop occidentale s’est réfugiée dans la nostalgie. Nouvelle Vague incarne ce virage.
Producteur émérite, Marc Collin a lancé Nouvelle Vague avec Olivier Libaux, décédé en 2021. Pas vraiment venus de nulle part, ces deux-là avaient monté leur propre combo new wave, Spleen Idéal, dans les 1980’s (avec Nicolas Godin, futur Air). On doit à Collin l’inspiré duo Indurain, en pleine vague trip hop, qui deviendra Ollano, dans la même veine musicale, avec déjà l’idée d’inviter des chanteuses à forte personnalité : Helena Noguerra et Sandra NKaké font partie du casting.
Collin a cet art de dénicher les voix féminines qui feront demain : Camille et Clara Luciani feront ainsi leurs premiers pas au sein de Nouvelle Vague. Camille le lui a bien rendu : ses performances scéniques intenses ont propulsé le groupe naissant dans une autre dimension, lui permettant de prendre corps, et sans doute d’être encore là aujourd’hui, à reprendre sur ce cinquième album toujours aussi réjouissant Rebel Yell de Billy Idol en une délicieuse bossa, Shout de Tears for Fears en un reggae au skank hypnotique ou le titre phare des Clash qui donne son nom à l’album façon rocksteady.
À la question posée dans le titre de l’album, on serait tenté de répondre : stay.
Nouvelle Vague
Quand ? Dimanche 17 novembre à 19h
Où ? Au Transbordeur ; 3 boulevard de Stalingrad ; 69100 Villeurbanne
Combien ? 32€ ; réserver sa place