Festival Lumière 2024 : Lyon redevient la capitale du cinéma

C'est l'actrice Isabelle Huppert qui sera récompensée du Prix Lumière le week-end prochain. D'ici là, les équipes de Thierry Frémaux ont concocté un programme alléchant, parmi les plus rafraîchissants de ces dernières années.

Parmi les grands moments attendus, la nuit consacrée à Alejandro Jodorowsky, en sa présence. Le Franco-Chilien fêtera les cinquante ans de La Montagne sacrée (1973), film inspiré du Mont Analogue de René Daumal, qui sera accompagné de Santa Sangre (1989) et El Topo (1970). Son ouvrage Voyage Essentiel sera aussi à l’honneur lors d’une masterclass. Ancien proche des surréalistes, co-fondateur du groupe Panique avec Topor et Arrabal, Jodo est une figure iconoclaste œuvrant aussi dans le théâtre et la bande dessinée (L’Incal). 

Justine Triet, réalisatrice palmée à Cannes pour Anatomie d’une chute, inaugurera un nouveau format : La cinéphilie de…, où elle dévoilera son rapport au cinéma en parlant des œuvres l’ayant inspirée.

Deux autres réalisateurs sont très attendus : Michel Hazanavicius sera présent pour l’avant-première de La plus précieuse des marchandises (2024), son film d’animation. Et Nicolas Winding Refn, qui viendra présenter Pusher (1996) et un court-métrage inédit, Beauty is not a sin (2024).

Costa-Gavras célébré

Deux autres grandes rétrospectives seront consacrées au réalisateur américain Fred Zinnemann (avec Le Train sifflera trois fois (1952), classique du western) et au grand acteur japonais Toshiro Mifune, beaucoup vu chez Akira Kurosawa (Les Sept samouraïs (1954) mais aussi chez Mizoguchi et dans Duel dans le Pacifique (1971) de John Boorman. 

Une “célébration” est aussi prévue pour Costa-Gavras, maître du film politique, en sa présence ; les deux chefs d’œuvre que sont L’Aveu (1970) et Z (1969) seront présentés, ainsi qu’une série documentaire consacrée au réalisateur. Il donnera également une masterclass et présentera en avant-première Le Dernier souffle (2024).

L’histoire permanente des femmes cinéastes s’attachera à la carrière de la Mexicaine Matilde Landeta, qui a pris le parti de se déguiser en homme pour pouvoir s’intégrer dans le milieu du cinéma. 

Outre Vanessa Paradis qui présentera trois films dont La Fille sur le pont (1999) de Patrice Leconte, quatre autres invités d’honneur donneront une masterclass et présenteront une sélection de leur filmographie. Xavier Dolan tout d’abord (dont Laurence Anyways (2012)) ; Benicio del Toro bien sûr, avec au menu le redoutable Las Vegas Parano (1998), adapté du livre de Hunter S. Thompson par Terry Gilliam ; Giuseppe Tornatore, le réalisateur du beau Cinema Paradiso (1988) ; et Iciar Bollain, réalisatrice et actrice espagnole proche de l’univers de Ken Loach - elle est l’épouse de Paul Laverty, son scénariste attitré, rencontré sur le tournage de Land of Freedom (1995) qui sera projeté. En avant-première sera montré le dernier film de Bollain : L’Affaire Nevenka (2024). 

Alfonso Cuaròn, en série

Autres avant-premières : celles de Spectateurs ! d’Arnaud Desplechin et Trois amies, d’Emmanuel Mouret. On notera la présence de cinéastes venant présenter de nouvelles restaurations : Jean Becker pour Échappement libre (1964), Jacques Audiard pour Sur mes lèvres (2001) et Fernando Meirelles & Kàtia Lund pour La Cité de Dieu (2002). 

Claude Lelouch sera là, Alfonso Cuaròn aussi pour sa série Disclaimer (2024).

Du côté des grands rendez-vous, le partenariat avec l’Auditorium se poursuit et c’est un excellent cru : l’Orchestre National de Lyon va interpréter une partition retrouvée pour accompagner le chef d’œuvre Vampyr (1932), premier film parlant de Carl Theodor Dreyer. Et Pêcheur d’Islande (1924), adaptation de Pierre Loti par Jacques de Baroncelli, sera accompagné à l’orgue. 

Il y aura bien sûr d’autres classiques du muet (dont Le Dictateur (1940) et plusieurs courts-métrages de Charlie Chaplin) et d’autres films cultes (Malcolm X de Spike Lee, Seven de David Fincher, Mulholland Drive de David Lynch…).  Une nuit de l’horreur à la Halle Tony Garnier en présence de Alexandre Aja, qui se terminera par L’Exorciste (1973) de William Friedkin. Et pour les enfants, trois des dessins animés d’Astérix dont Les 12 Travaux d’Astérix à la Halle Tony Garnier.

Enfin, terminons par le début : Un Revenant (1946) de Christian-Jaque sera le film d’ouverture. Henri Jeanson, le scénariste, s’est inspiré de l'affaire criminelle impliquant les Gillet, l’une des grandes familles de la région lyonnaise. L’intrigue se déroule à Lyon, où le film a été en partie tourné. Car lorsque l’on parle de cinéma, tout commence toujours à Lyon.