“Ce vendredi 4 octobre 2024 devrait faire date à Villeurbanne” déclare d’emblée Laura Audibert, journaliste employée par la Ville, qui ouvre la conférence annonçant la signature d’une charte visant à lutter contre les violences sexuelles, sexistes et discriminatoires dans les événements publics et particulièrement les lieux culturels et festifs.
Les Ateliers Frappaz (qui organisent Les Invites), le CCO La Rayonne, le Club des 24h de l’INSA, le CMTRA (Centre des Musiques Traditionnelles en Rhône-Alpes), la compagnie Les Lueurs, la MJC de Villeurbanne, le producteur de concerts Mediatone, le café-concert Toï-Toï Le Zinc, Karnaval Solidaire et le Transbordeur, qui accueillait la conférence dans son club, sont les dix signataires de la charte du côté des lieux culturels et organisateurs d’événements.
Le choix du Transbordeur pour lancer cette charte est hautement symbolique, vu l’avance prise par la salle villeurbannaise (qui passera bientôt sous l’égide de la Métropole) sur ces questions, grâce notamment au travail effectué en 2022 au sein de cette structure par Feyriele Chilot, à qui le maire, Cédric Van Styvendael, a tenu à rendre hommage, la citant comme une source d’inspiration : “Elle a fait un remarquable travail sur ces sujets, non culpabilisant, permettant aussi de se dire qu’il était possible d’avancer plus facilement qu’on ne le pensait.”
Lire notre article sur le Transbordeur repris par la Métropole
L’édile, dans le même élan, a souhaité remercier la centaine de jeunes s’étant investie dans l’organisation du festival Réel, pour qui dès les premières réunions de travail, “la question principale, ce n’était pas la tête d’affiche à faire venir, mais la question de comment en faire un événement safe.”
Sa troisième adjointe, Agathe Fort, déléguée à la Santé, à la Ville inclusive et à la Lutte contre les discriminations l’avait précisé quelques minutes plus tôt : “On voit à quel point la jeunesse d’aujourd’hui veut lutter contre les violences sexistes et sexuelles, qui commencent enfin à être prises au sérieux grâce au travail des associations. Il faut que nos moments collectifs puissent demeurer festifs !”.
Les signataires autour de la charte © SB / Lyon Poche
Tout ce travail aboutissant à la charte a été initié par la mairie dès l’été 2022, dans la continuité de Villeurbanne, Capitale française de la culture 2022, en collaboration avec plusieurs structures aujourd’hui logiquement signataires. Cette charte a été votée le 27 mai 2024 en conseil municipal. Quatre associations actives sur le sujet en sont également signataires : Purple Effect, SOS Homophobie, Filaction et Frisse.
Elle porte sur la formation des équipes d’accueil et d’organisation, sur l’information et la sensibilisation du public, sur la mise en place de dispositifs de signalement, de suivi et de traitement des situations. Concrètement, une personne référente sur ces sujets devra être nommée dans chaque structure ; la gouvernance, le personnel et les bénévoles devront tous être formés ; un dispositif spécifique devra être mis en place pour permettre le signalement de violences ; des dispositifs d’information à destination du public devront être prévus ; chaque signalement devra pouvoir être traité de manière directe pour faire cesser les actes de violence ; des clauses dédiées à la lutte contre les violences devront être intégrées dans les règlements intérieurs, les contrats avec les artistes et prestataires, les marchés avec la sécurité et les artistes.
Un suivi par la Ville est prévu pour la bonne application de cette charte. Cédric Van Styvendael, à l’oral, est plus clair : “Pour les événements qui ne soucient pas de ce sujet, je le dis : il s'agit d’une rupture de confiance. Et l’histoire s’arrêtera-là, point. Lutter contre les VSS, ce n’est pas un supplément d’âme pour nos événements.” En résumé : fin des subventions et aides de la Ville à celles et ceux qui feraient l’impasse sur ce combat nécessaire. La charte sera dans le futur élargie aux événements sportifs et associatifs.
Cyrille Bonin rappelle avec justesse que les artistes sont concernés et que le comportement “problématique” de certains d’entre eux ces dernières années l’illustre : une prise de conscience est nécessaire de leur côté. “À l’heure actuelle, aucun article de loi ne nous permet d’annuler le concert d’un artiste dont le comportement pose problème, j’aimerais que ce soit le cas” affirme le directeur du Transbordeur.
Qui rappelle également une évidence : “malgré des comportements encore surprenants voire scandaleux au vu de la prise de conscience actuelle, les concerts ne sont pas non plus des lieux à gros risques !”.
Sébastien Broquet