45 ans de dévouement à la photographie ; et aux grands noms de la discipline, à commencer par William Klein, objet d’une exposition d’une centaine de tirages en 2022, qui avait marqué par sa pertinence, son importance, sa beauté. On ne le savait pas encore en la parcourant, mais c’était la dernière de son vivant.
Quelques mois plus tard, le photographe américain - qui vivait en France - tirait sa révérence, à 93 ans. C’était le 10 septembre de la même année. Le proche de Chris Marker était un fidèle compagnon de la galerie Le Réverbère, qui le représentait. C’est aussi un ami cher que Catherine Dérioz et Jacques Damez perdaient ce jour-là, pas seulement un emblème de leur exigeant travail au service des artistes.
Deux ans plus tard, le couple met fin à l’aventure de la galerie du 36 rue Burdeau, sur les Pentes de la Croix-Rousse où il était de bon ton, il y a encore peu, de se balader certains jeudis soirs pour courir les différents vernissages, qui se font plus rares au gré des fermetures.
“Ouvrir, hors Paris, en 1981, une galerie indépendante consacrée uniquement à la photographie contemporaine dans tous ses « états » et la garder ouverte pendant quatre décennies était un pari fou mais gagné ! Enfin presque... car depuis une dizaine d’années le marché a beaucoup changé : il s’est codifié, « financiarisé » et concentré dans les mains d’un certain goût international qui ne permet plus la même liberté d’action et de choix” expliquent dans un communiqué les deux galeristes.
L’impérialisme des foires nous piège
Qui poursuivent, expliquant fermer contre leur gré : “Malgré notre réputation, nos commissariats payés et partagés avec les artistes pour des expos hors les murs ainsi que nos prestations intellectuelles se sont amenuisés pour quasi disparaître après le Covid et nous obligent aujourd’hui à fermer la galerie et arrêter sa programmation à la fin de l’année 2024. Pourtant en 2023, nous étions soulagés d’avoir retrouvé notre chiffre d’affaires d’avant 2020 concernant la vente des œuvres. Mais les charges ont beaucoup augmenté et l’impérialisme des foires nous piège. Triste conclusion : le modèle économique d’une galerie de notre taille, sans soutien financier public ou privé, n’est plus viable.”
Une dernière exposition se déroulera dans cette galerie qui va manquer au paysage artistique lyonnais et national, dont le vernissage se déroulera ce samedi. Elle s’appelle Histoire(s) sans fin, “Sans fin car notre amour de la photographie reste intact ainsi que notre croyance en la force créative de nos artistes qui n’ont de cesse de se remettre en cause et de creuser leur sillon avec intelligence et sensibilité” poursuivent les galeristes, qui promettent de continuer à proposer des expositions et œuvrer pour la photographie, différemment, sans lieu fixe.
On retrouvera pour cette dernière exposition collective tous les fidèles du Réverbère, ceux qui ont illuminé ses murs au fil des années : William Klein bien sûr, mais aussi Denis Roche, Bernard Plossu, Arièle Bonzon, Marc Riboud, Géraldine Lay… Fin de l’aventure le 28 décembre : il sera alors temps de ranger la pellicule.
Sébastien Broquet
Histoire(s) sans fin
Quand ? Du samedi 21 septembre au samedi 28 décembre ; vernissage en présence des artistes le samedi 21 septembre de 15h à 20h ; ouverture exceptionnelle pour les Journées du Patrimoine le dimanche 22 décembre de 14h à 18h
Où ? Le Réverbère, 38 rue Burdeau, 69001 Lyon
Combien ? Entrée gratuite