LDLC Arena : Justin Timberlake, en quête de rédemption

LDLC Arena : Justin Timberlake, en quête de rédemption
George Michael, sort de ce corps ! © DR

Justin Timberlake, précoce pop star passée de Disney à Timbaland, donne deux concerts en France : ce sera à Lyon ce week-end, à la LDLC Arena, dans la foulée de la parution de son sixième album, Everything I Thought it Was. Et s’il valait mieux que ce disque paresseux ? 

Dans The Social Network, le biopic de Mark Zuckerberg subtilement scénarisé par Aaron Sorkin et réalisé par David Fincher en 2010, ce dernier offre à Justin Timberlake le rôle de Sean Parker, co-créateur de Napster. Le site qui a ruiné l’industrie musicale au début des années 2000 et catapulté les pop stars dans une nouvelle ère qui s’est épanouie dans le streaming et les tournées gigantesques, cornaquées par des multinationales de la trempe de Live Nation, qui organise les deux concerts lyonnais. Clin d’œil ironique et bien senti de la part du réalisateur de Zodiac… 

Et notons-le, avec une belle prestation de Timberlake, démontrant qu'il méritait de meilleurs rôles que ceux affichés sur son CV jusqu’à ce film. On l’a revu par la suite au générique d’Inside Llewyn Davis des frères Coen, du Time Out d’Andrew Niccol et chez Woody Allen, dans Wonder Wheel

Tiny Desk, à 15 dans la boîte

Et si, côté musique, il méritait également une oreille plus attentive, alors que nombre de ses fans et l’ensemble des critiques l’ont délaissé ces dernières années, à mesure qu’il se faisait ringardiser par une nouvelle vague de pop stars - Charlie XCX, Bille Eilish, la vague K-pop ?

Sa prestation lors d’un Tiny Desk Concert le 15 mars 2024, juste avant le lancement de sa tournée mondiale, a largement tourné sur les réseaux sociaux et calmé quelques détracteurs de cette star mainstream par excellence.

Là, l’ancien Disney boy né près de Memphis, montre qu’il n’a en rien trahi l’arbre généalogique des musiciens de la ville d’Elvis : accompagné de son groupe The Tennessee Kids, il dévoile une science du groove funky insoupçonnée et prouve qu’il sait se départir des productions ultra-efficaces mais souvent trop calibrées et lisses qu’il chevauche habituellement, imaginées par quelques grands faiseurs de beats comme Timbaland, The Neptunes, Danja et Calvin Harris.

Remarquable interprète, l’ancien du Mickey Mouse Club n’a pas su entretenir son flair pour aller chercher les meilleures nouvelles têtes de la production, comme AG Cook, et se renouveler à leur contact. FutureSex/LoveSongs, son meilleur album, date déjà de 2006 - à l’époque, Timbaland était au sommet de sa créativité. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il a par exemple raté le train de l’hyperpop que la Britannique Charlie XCX a si bien su emprunter sur Brat sans renier ses références Y2K (dont est issu également Timberlake), réussissant à embarquer avec elle la Gen Z. 

Encore des places en vente

Si Timberlake a raté cette voie, il pourrait s’inspirer de son Tiny Desk Concert pour trouver un nouveau souffle. On oublie ici qu’il est celui qui avait dévoilé le téton de Janet Jackson au Superbowl, qui avait enregistré quatre titres passables avec son idole Madonna, on s’immerge au contraire dans une salle londonienne ou un bouge de Memphis, comme si un groupe d’acid jazz funk de la fin des 1980’s était rejoint sur scène par un George Michael - l’une de ses grandes influences avec Michael Jackson - au sommet de sa forme. Et c’est beaucoup plus aguicheur que le nouvel album, le premier depuis six ans, que l’ancien de NSYNC vient défendre à la LDLC Arena. 

Sur ce Everything I Thought it Was, il invite ses anciens partenaires du boy’s band pour un titre, Paradise, qui (euphémisme) ne fait pas vraiment partie des sommets du disque. La collaboration avec Calvin Harris sur Fuckin’ Up the Disco et sa rythmique électro funk est bien plus convaincante : c’est l’un des rares titres à s’extraire du tout venant d’une œuvre regardant trop le passé, sans le raviver, et pas assez vers le futur. Qui nous ramène vers sa relation ancienne avec Britney Spears, revenue à la une des tabloïds avec la sortie de son autobiographie fin 2023, où elle révèle des actes et paroles de son ex fiancé écornant sérieusement son image de gendre idéal au profil lisse façonné dès l’époque Disney. 

Timberlake a cherché la rédemption, sans y parvenir. Il va lui falloir faire ce travail - et trouver comment se relancer s’il ne veut pas perdre le fil de sa carrière musicale. Les concerts à Lyon ne sont pas complets et des places restent en vente à la veille du premier show

par Sébastien Broquet

Justin Timberlake
Quand ? Vendredi 6 et samedi 7 septembre à 19h30
Où ? À la LDLC Arena, OL Vallée, 5 avenue Simone Veil, 69150 Décines-Charpieu
Combien ? De 56,50 à 139 € ; acheter sa place

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